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Ebook has 1247 lines and 51773 words, and 25 pages

Translator: Fran?ois de Ga?l

Release date: December 23, 2023

Original publication: Paris: Mercure de France, 1910

LES PETERKINS

CONTES CHOISIS, traduits par Gabriel de Lautrec et pr?c?d?s d'une ?tude sur l'humour 1 vol.

EXPLOITS DE TOM SAWYER D?TECTIVE, ET AUTRES NOUVELLES, traduits par Fran?ois de Gail 1 vol.

UN PARI DE MILLIARDAIRES, ET AUTRES NOUVELLES, traduits par Fran?ois de Gail 1 vol.

LE PR?TENDANT AM?RICAIN, roman traduit par Fran?ois de Gail 1 vol.

PLUS FORT QUE SHERLOCK HOLM?S, traduit par Fran?ois de Gail 1 vol.

LE CAPITAINE TEMP?TE, ET AUTRES CONTES, traduit par Gabriel de Lautrec 1 vol.

MARK TWAIN

Les Peterkins

TRADUITS PAR

FRAN?OIS DE GAIL

MCMX

JUSTIFICATION DU TIRAGE:

Droits de traduction et de reproduction r?serv?s pour tous pays.

LES PETERKINS

C'?tait bien le moment de se livrer ? l'?tude des langues. Les Peterkins venaient d'entrer dans leur nouvelle maison, beaucoup plus confortable que la pr?c?dente; ils devaient avoir la place pour toute chose et toute chose ? sa place.

Elisabeth-Elisa n'oubliait pas combien leur ancienne installation ?tait peu pratique; pendant longtemps, en effet, pour jouer du piano, elle avait ?t? oblig?e de s'asseoir dans la galerie de l'autre c?t? de la fen?tre. M?? Peterkins se souvenait des difficult?s qu'elle ?prouvait au sujet des nappes de table.

La nappe sup?rieure se trouvait dans une malle rang?e contre la porte d'une grande armoire situ?e sous l'escalier; la nappe du dessous ?tait renferm?e dans un tiroir de la grande armoire; de sorte que, lorsqu'il s'agissait de changer les nappes, il fallait retirer et mettre de c?t? la malle pour pouvoir ouvrir l'armoire, car on devait d'abord se servir de la nappe du dessous; apr?s cela, il fallait remettre en place la malle pour l'ouvrir et en extraire la nappe sup?rieure.

Apr?s tous ces d?placements, il ?tait encore n?cessaire de d?placer la malle pour d?gager la porte de l'armoire qui contenait la bo?te ? couteaux. Ces d?m?nagements successifs occasionnaient naturellement une grande perte de temps.

Maintenant que la nouvelle maison des Peterkins ?tait suffisamment grande, ils trouveraient le moyen de tout loger. Agamemnon se r?jouissait surtout de l'installation de la nouvelle biblioth?que. Dans leur ancienne maison, il n'y avait pas de pi?ce sp?ciale pour les livres: les dictionnaires ?taient au premier ?tage, chose fort incommode, et les volumes de l'encyclop?die r?partis en plusieurs endroits. Ainsi, les volumes de A jusqu'? P se trouvaient au rez-de-chauss?e, tandis que tous ceux de Q jusqu'? Z ?taient class?s dans diff?rentes chambres du premier ?tage. Malheureusement on ne pouvait jamais se rappeler si la section de A ? P comprenait la lettre P.

--Je montais toujours au premier ?tage pour chercher P, disait Agamemnon, et je m'apercevais que le volume se trouvait en bas; ? chaque instant c'?tait une nouvelle confusion.

Naturellement, maintenant, la nouvelle maison des Peterkins se pr?tait mieux ? la vie studieuse. En ayant tous les livres dans la m?me pi?ce, on ?vitait une grande perte de temps pour les chercher.

M. Peterkins sugg?ra ? chacun des siens d'apprendre une langue diff?rente. S'ils voyageaient un jour ? l'?tranger ce serait on ne peut plus commode: Elisabeth-Elisa pourrait parler fran?ais avec les Parisiens, Agamemnon allemand avec les Allemands, Salomon-John italien avec les Italiens; M?? Peterkins parlerait espagnol en Espagne; quant ? lui, il aborderait ? la fois toutes les langues orientales en commen?ant par le russe.

M?? Peterkins n'?tait pas tr?s d?cid?e ? apprendre l'espagnol; car toute sa famille avait jur? qu'elle n'irait jamais en Espagne ? cause de son horreur pour l'Inquisition. M?? Peterkins d'ailleurs partageait cette horreur avec ses enfants.

Les voyages ? l'?tranger lui souriaient peu et elle avait toujours d?clar? qu'elle ne quitterait pas le sol natal avant qu'un pont f?t jet? sur l'Atlantique! Agamemnon d?clarait qu'il ne fallait jurer de rien, que chaque jour on faisait de nouvelles d?couvertes et qu'un pont ne serait assur?ment pas plus difficile ? inventer qu'un t?l?phone; dans les temps anciens on se servait d?j? de ponts. La question des professeurs vint alors sur le tapis. On pourrait certainement en trouver ? Boston. S'ils venaient tous le m?me jour il serait facile de transporter trois d'entre eux dans le petit break. Agamemnon irait au-devant d'eux, puis les reconduirait; de cette fa?on il s'habituerait ? leur conversation ? l'aller comme au retour.

Monsieur Peterkins se documenta sur les langues orientales: on lui apprit que le sanscrit ?tait la base de toutes ces langues; aussi proposa-t-il ? toute sa famille de commencer par le sanscrit; ils n'auraient ainsi besoin au d?but que d'un seul professeur et pourraient ensuite bifurquer sur les autres langues.

Mais sa famille pr?f?ra apprendre des langues diff?rentes. Elisabeth-Elisa savait d?j? un peu de fran?ais; elle avait essay?, sans grand succ?s, d'en placer quelques mots ? l'exposition du centenaire, mais elle s'?tait aper?ue qu'elle venait de lier conversation avec un Maure qui ne comprenait pas le fran?ais.

M. Peterkins objecta qu'il leur faudrait plusieurs pi?ces pour leurs ?tudes si tous les professeurs venaient ? la m?me heure; mais Agamemnon lui fit remarquer qu'ils se serviraient de dictionnaires diff?rents. M. Peterkins ?tait d'avis qu'il vaudrait mieux avoir tous les professeurs en m?me temps, car chaque ?l?ve pourrait, en plus de la langue qu'il ?tudierait, attraper des bribes des autres langues; d'apr?s lui le meilleur moyen d'apprendre ? parler une langue ?trang?re ?tait d'entendre parler les autres autour de soi.

M?? Peterkins objecta que sa maison ressemblerait ? une tour de Babel; elle en prit cependant son parti.

Agamemnon signala une autre difficult?: naturellement il leur fallait des professeurs ?trangers qui parleraient chacun leur langue maternelle; mais, dans ce cas, comment faire pour les inviter ? venir ? la maison, leur expliquer la combinaison de la voiture, et arranger la r?partition des heures de le?on? Agamemnon se demandait comment on pouvait se tirer d'affaire avec un ?tranger lorsqu'on ?tait incapable de lui exposer ce qu'on d?sirait.

Elisabeth-Elisa r?pondit qu'en pareil cas les signes et la pantomime devaient rendre de grands services. Salomon-John et les jeunes gar?ons se mirent aussit?t ? mimer. Elisabeth-Elisa expliqua que le mot <> signifiait ? la fois <>; ils pouvaient donc montrer leur langue pour se faire comprendre.

Comme exercice pratique, les jeunes gar?ons figur?rent les professeurs ?trangers parlant chacun leur langue maternelle; Agamemnon et Salomon-John firent semblant de les inviter ? venir instruire la famille au moyen d'une s?rie de signes.

M. Peterkins d?clara que leur succ?s ?tait admirable, et qu'ils pourraient presque aller ? l'?tranger sans ?tudier les langues; il encouragea ses enfants ? se faire comprendre par signes. Pourtant, comme le pont n'?tait pas encore construit, il vaudrait peut-?tre mieux attendre et cultiver les langues. M?? Peterkins craignait que les professeurs ?trangers ne se consid?rassent comme invit?s au lunch: Salomon-John, en effet, n'avait cess? de montrer sa bouche en l'ouvrant, la fermant et en sortant sa langue; il semblait plus par l? vouloir les inviter ? manger que leur demander des le?ons de langues. Agamemnon sugg?ra qu'ils pourraient emporter avec eux les divers dictionnaires lorsqu'ils iraient trouver les professeurs; cela exprimerait qu'ils d?siraient des le?ons et les professeurs n'y verraient pas une invitation au lunch.

M?? Peterkins trouvait plus prudent de pr?parer un lunch pour les professeurs au cas o? ils prendraient la visite pour une invitation, seulement elle ignorait ce qu'ils mangeaient d'habitude. M. Peterkins pensa qu'il serait tr?s bon d'apprendre ce d?tail en fr?quentant des ?trangers, car, avant de quitter leur pays natal, ils auraient ainsi l'occasion de s'habituer aux plats ?trangers. Les petits gar?ons se r?jouissaient beaucoup ? l'id?e de manger de nouveaux mets. Agamemnon avait entendu dire que la soupe ? la bi?re ?tait le r?gal favori des Allemands et il se proposait, d?s sa premi?re le?on, de s'en faire expliquer la pr?paration.

Salomon-John savait que tous les ?trangers aiment beaucoup l'ail, aussi pensa-t-il que les professeurs seraient enchant?s de sentir une odeur d'ail dans la maison d?s leur premi?re le?on, et qu'ils appr?cieraient beaucoup cette d?licate attention.

Elisabeth-Elisa voulait faire ? une de ses parentes habitant Philadelphie la surprise de lui parler fran?ais. Aussi d?sirait-elle commencer ses le?ons avant la visite annuelle de sa famille de Philadelphie. Il y eut un l?ger retard dans l'ex?cution de ces projets: M. Peterkins pr?f?rait trouver des professeurs ?tablis depuis peu dans la r?gion, car il ne voulait pas subir la tentation de parler anglais avec eux; il d?sirait des professeurs r?cemment d?barqu?s en Am?rique, et il revint un soir chez lui avec une liste compl?te des ?trangers nouvellement arriv?s. La famille Peterkins d?cida qu'elle emprunterait aux Bromwicks leur break pour le premier jour, et M. Peterkins et Agamemnon partirent en voiture ? la ville pour ramener tous les professeurs. L'un ?tait un Russe, qui voyageait pour son plaisir et n'avait nullement l'intention de donner des le?ons; peut-?tre y consentirait-il, mais dans tous les cas il ne savait pas un mot d'anglais.

M. Peterkins avait dans son porte-cartes les cartes des messieurs qui lui avaient recommand? les diff?rents professeurs; accompagn? d'Agamemnon, il alla d'h?tel en h?tel pour les convoquer. Il les trouva tous tr?s polis, tous pr?ts ? venir apr?s les explications donn?es au moyen des signaux convenus. Ils avaient oubli? les dictionnaires, mais Agamemnon poss?dait un guide qui pouvait les remplacer et qui sembla tr?s appropri? aux ?trangers.

M. Peterkins dut se contenter d'un professeur russe, car il ne trouva aucun ma?tre de sanscrit nouvellement d?barqu? dans le pays.

Mais voici qu'une difficult? inattendue surgit lorsqu'ils mirent dans la m?me voiture le professeur russe et le professeur d'arabe; ce dernier ?tait Turc et portait un fez sur sa t?te; il s'assit au fond de la voiture! Ils se regard?rent de travers et s'invectiv?rent chacun dans leur langue sans que M. Peterkins p?t comprendre un tra?tre mot. Etait-ce du russe, ?tait-ce de l'arabe? En tout cas il sautait aux yeux que les individus ne voulaient ? aucun prix se trouver dans la m?me voiture. M. Peterkins ?tait au d?sespoir; il avait oubli? la guerre turco-russe! Quelle gaffe ?norme il venait de commettre en invitant le Turc!

Une foule de curieux s'?tait group?e devant l'h?tel. Le professeur fran?ais pria tr?s poliment le Russe de monter avec lui dans la premi?re voiture; mais une autre difficult? se pr?sentait: le professeur allemand se carrait tranquillement dans le fond de cette voiture!!!

Le professeur fran?ais avait ? peine mis le pied sur le marche-pied qu'il invectiva violemment le professeur allemand; ce dernier, furieux, sauta de la voiture par la porte oppos?e, fit le tour en courant et le saisit au collet. A n'en pas douter, l'Allemand et le Fran?ais ne pouvaient pas habiter ensemble la m?me voiture! Pendant ce temps-l? la foule des curieux augmentait toujours.

Agamemnon, fort heureusement, savait dire en allemand le mot <>; s'adressant au professeur allemand, il l'invita par signes ? prendre place dans l'autre voiture.

L'Allemand consentit ? s'asseoir aux c?t?s du Turc. Enfin les voitures se mirent en marche: M. Peterkins avait l'Italien ? ses c?t?s, le professeur fran?ais et le Russe ?taient assis derri?re et se parlaient sur un ton aigre qui laissait supposer ? M. Peterkins qu'ils n'?taient pas compl?tement d'accord.

Le voyage d'Agamemnon s'effectua dans un profond silence: l'Espagnol assis ? c?t? de lui semblait d'humeur maussade, tandis que le Turc et l'Allemand n'?chang?rent pas un tra?tre mot.

En arrivant ? la maison, ils furent re?us par M?? Peterkins et Elisabeth-Elisa; par une d?licate attention pour le professeur espagnol, M?? Peterkins avait jet? sur ses ?paules une mantille de dentelle. M. Peterkins introduisit les professeurs dans la biblioth?que, mais il eut soin de les installer chacun ? une respectable distance l'un de l'autre. Salomon-John chercha le dictionnaire italien et s'assit ? c?t? du professeur italien. Agamemnon, avec un dictionnaire allemand, se rapprocha du professeur allemand. Les jeunes gar?ons montr?rent au Turc leur livre de <>. M. Peterkins essaya d'expliquer au professeur russe qu'il ne poss?dait pas de dictionnaire russe et qu'il avait esp?r? apprendre le sanscrit avec lui; de son c?t? M?? Peterkins essaya de faire entendre ? son professeur qu'elle n'avait pas de livres espagnols. Elle oublia momentan?ment sa terreur de l'Inquisition et essaya de lui glisser quelques mots en se servant de termes anglais prononc?s tr?s lentement et en alt?rant son accent le mieux qu'elle pouvait. L'Espagnol s'inclina, parut prendre grand int?r?t ? sa conversation, et se montra tr?s poli.

Pendant ce temps, Elisabeth-Elisa sortait au Parisien les quelques phrases qu'elle connaissait. Elle parlait plus facilement fran?ais qu'elle ne comprenait son professeur; lui, saisissait parfaitement ce qu'elle disait. Elle r?cita son vocabulaire et ?nonna l'exercice suivant: J'ai le livre.--As-tu le pain?--L'enfant a une poire.--L'enfant sait-il sa le?on?

Le professeur ?couta avec grande attention et r?pondit tr?s distinctement ? chaque question. Soudain, apr?s avoir r?cit? une de ses phrases, elle se leva, courut vers sa m?re, et lui chuchota ? l'oreille:--Ils ont, je crois, commis l'erreur que vous redoutiez; ils se croient invit?s au lunch! il vient de me remercier de notre aimable invitation ? d?jeuner.

--Ils n'ont pas pris leur d?jeuner! s'exclama M?? Peterkins en regardant l'Espagnol: il semble affam?! Qu'allons-nous faire?

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