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Read Ebook: Abrégé de l'histoire de l'Ukraine by Hrushevskyi Mykhailo

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Ebook has 603 lines and 89417 words, and 13 pages

Les princes pu?n?s, tout autant que les bo?ards Ki?viens, qui allaient assumer des fonctions dans les provinces, avaient tout int?r?t ? ne point ?tre regard?s comme des ?trangers, mais ? se trouver partout comme chez eux. Il en ?tait de m?me du clerg? m?tropolitain qui recueillait les pr?bendes provinciales, avec l'espoir d'?tre rappel? ? Kiev pour y remplir de plus hautes fonctions.

Aussi la nouvelle litt?rature, qui na?t dans les monast?res de la m?tropole, se met-elle au service de ces tendances. Elle s'attache ? des th?mes d'un int?r?t g?n?ral, elle met en avant la notion du <>, entendant par l? les int?r?ts et les aspirations du royaume entier, ?cartant toute manifestation du particularisme.

La litt?rature la?que, cultiv?e ? la cour du prince et chez les plus puissants bo?ards, soutenait ?videmment les m?mes principes. Nous en trouvons la preuve un si?cle et demi plus tard dans la chanson d'Igor, oeuvre anonyme, compos?e par un po?te de la cour aux environs de 1186. C'est l'int?r?t des <>, qui l'inspire, elle fait entendre des admonitions aux princes, qui n?gligent la vieille tradition de Kiev. Sans doute l'auteur ne fait que suivre les traces des anciens po?tes de la cour, dont il fait mention ? plusieurs reprises.

Apr?s l'?tablissement du m?tropolite ? Kiev, les premiers groupes de personnes vers?es dans les lettres se r?unirent sous son influence et un des premiers essais litt?raires fut le commencement de la chronique de Kiev.

Jusqu'? la fin de cette p?riode, toute la production litt?raire du royaume vient de Kiev. C'est l? que se forme une langue litt?raire commune . D'abord ce travail d'unification se trouvait facilit? par la pr?sence ? Kiev, aussi bien dans les monast?res que dans les rangs du clerg? s?culier, de personnes lettr?es attir?es ? dessein de toutes les parties du royaume et qui, dans ce nouveau milieu, apportaient pour les polir et les fondre ensemble, leurs particularit?s dialectiques provinciales. En outre, on s'appliquait sciemment ? cette uniformisation en s'attachant ? imiter le plus fid?lement possible les mod?les fournis par la Bulgarie. C'est pourquoi les monuments ?crits de Kiev se distinguent nettement de ceux de Novogorod par exemple, en ce qu'ils n'offrent gu?re de particularit?s dialectiques et qu'ils manifestent une tendance ? demeurer toujours sur le terrain commun des int?r?ts g?n?raux de la <>. Ceci leur assura une large p?n?tration dans les provinces. Ce qui nous en reste aujourd'hui a ?t? pr?serv? presque exclusivement dans les pays du nord, qui ont ?t? moins ?prouv?s par les catastrophes post?rieures qui d?sol?rent l'Ukraine.

Du reste, il n'existait pas ? cette ?poque de centre intellectuel qui e?t pu rivaliser avec Kiev. Au point de vue politique et commercial seulement, on lui opposa au d?but Novogorod, la grande ville du Nord en antagonisme avec celle du Midi. Les traditions historiques des premiers si?cles sont pleines des rivalit?s politiques entre ces deux grands centres, l'un s'appuyant sur la Mer Noire et restant en contact avec Byzance, l'autre sur la Baltique, entretenant des relations avec les <>. Tant?t les princes de Kiev s'assujettissent Novogorod, tant?t les bo?ards de Novogorod soutiennent leurs princes issus de la dynastie r?gnante dans leurs pr?tentions au tr?ne, et obtiennent en ?change des privil?ges ou des droits de souverainet? plus ?tendus sur leurs domaines provinciaux. Mais depuis Vladimir et Iaroslav la pr?pond?rance intellectuelle de Kiev est assur?e.

Quel est le centre provincial qui pourrait nous offrir rien de semblable? O? trouverions nous, soit dans les pays des Ruth?nes blancs , soit dans les contr?es des Grands Russiens, un foyer d'?lite comme celui-ci?

Il ne manque pas de t?moignages qui prouvent que, dans les pays que nous venons de nommer, on regardait Kiev et la Russie du midi comme une contr?e bien distincte des autres territoires. Aller en <> signifiait ? Novogorod se rendre en Ukraine. Dans le pays de Rostov-Souzdal, nous voyons la population s'insurger contre les fonctionnaires <>, venus des villes du midi, c'est-?-dire de l'Ukraine. Mais l'h?g?monie de Kiev se fait tellement sentir dans la politique et surtout dans la vie intellectuelle qu'elle d?robe ? nos yeux les diff?rences qui existaient entre les trois principales branches des Slaves orientaux.

D?cadence des contr?es du Dni?per. Le nouveau monde russe et ses pr?tentions.

Les autres princes, d?poss?d?s de leurs patrimoines, entreprirent une longue s?rie de guerres acharn?es et appel?rent ? leur secours les hordes des Coumanes qui vivaient dans les steppes. Les bo?ards et les populations autochtones, croyant plus avantageux d'?tre gouvern?s par un prince de la dynastie vivant au milieu d'eux, que d'ob?ir au gouvernement de Kiev, soutenaient leurs <>. Au congr?s de Lubtch?, en 1097, on adopta le principe, que chaque prince apanag? resterait ma?tre dans son patrimoine. C'?tait sanctionner le d?membrement du royaume de Kiev et revenir ? peu pr?s ? l'ancien r?gime des tribus. Il s'en suivit une division g?n?rale: sur le territoire ukrainien: la Galicie, la Volhynie, les pays de Tchernyhiv et de Pere?aslav; sur le territoire des Ruth?nes blancs, outre le pays mixte de Tourov-Pinsk, ceux de Polotsk et de Smolensk; sur le territoire des Grands Russes, les pays de Novogorod, de Rostov-Souzdal et de Mourom-Riasan. Et encore ? l'int?rieur ces principaut?s se divisaient-elles en domaine de l'a?n? et en parts des cadets.

Apr?s sa mort, les Petchen?gues s'affaiblirent, de nouvelles hordes turques sorties de l'orient apparurent: d'abord les Torques, plus tard les Kiptchaks ou Coumanes, que les chroniqueurs ukrainiens appellent Polovtses. Iaroslav profita de cette conjoncture pour attaquer ses anciens ennemis par le nord, il les repoussa vers le sud, o? il ?difia une nouvelle ligne de d?fense sur la rivi?re de Ross et la horde des Petchen?gues porta son camp au del? du Danube. Une accalmie se produisit dans le bassin du Dni?per, mais la situation s'aggrava de nouveau lors des discordes qui ?clat?rent vers 1070, entre les fils et les petits-fils de Iaroslav au sujet de la r?partition des domaines. D?s lors ce ne fut plus pendant plus d'un si?cle qu'une longue s?rie de calmes et de temp?tes. D?s que les attaques des Kiptchaks cessent, les relations commerciales reprennent, les colonies se multiplient sur la lisi?re de la steppe; l'activit? des hordes se fait-elle de nouveau sentir, les colons se r?fugient dans la zone bois?e, les caravanes ne peuvent plus se faire jour vers le Dni?per que sous le couvert des troupes et les princes de Kiev, de Pere?aslav et de Tchernihiv sont oblig?s d'employer toutes leurs forces ? la d?fense des fronti?res.

Tout l'int?r?t du pays est donc concentr? dans une question: se d?fendre contre les <>. Cette question vitale domine toute la politique, elle inspire la litt?rature, dont Kiev reste toujours le centre. Les classes dirigeantes, les ?crivains, la population m?me r?clament que les princes s'unissent pour ?tre mieux en ?tat de repousser les infid?les. Un prince s'attache-t-il ? cette politique, il est s?r de gagner en popularit?. Au contraire on est plein de m?pris pour ceux qui demandent secours aux Kiptchaks pour r?gler leurs discordes intestines et am?nent ainsi les pa?ens en terre russe. En effet, apr?s avoir ?t? appel?s par les princes, les chefs de hordes ne se faisaient pas faute de revenir faire quelques incursions ? leurs frais. Du reste les guerres intestines, gr?ce ? un syst?me compliqu? de succession, ?taient devenues un mal chronique. A la succession en ligne directe, qui avait l'appui du peuple parce qu'elle causait moins de perturbations, s'ajoutait le principe de l'h?ritage familial qui voulait que toute la famille princi?re r?gn?t en commun. De l? des conflits de droits et d'int?r?ts vraiment insolubles. La population ?tait bien forc?e de prendre parti dans ces querelles dynastiques, aussi en supportait-elle les cons?quences. Les pr?tendants pers?cutaient les adh?rents du parti adverse, ruinaient leurs villes, leur imposaient des contributions.

Tout cela devait ?tre funeste ? la civilisation et ? la vie ?conomique du bassin ukrainien du Dni?per, ? ce c?l?bre triangle de capitales qui avait ?t? le foyer intellectuel non seulement de l'Ukraine, mais de toute l'Europe orientale, dans le si?cle pr?c?dent. Les princes, la caste militaire, le patriciat, le clerg? commencent ? se d?sint?resser du <>, de la <>; ils pr?f?rent des positions moins brillantes mais plus s?res au nord-est, dans les nouvelles colonies slaves, au milieu des peuplades finnoises du bassin de la Volga.

Le principe de succession patrimoniale leur fournissait des arguments juridiques. Comme il a ?t? dit plus haut, ce principe avait ?t? admis conjointement ? celui de succession en ligne directe. Un prince de Kiev mourait-il, ses fr?res pu?n?s, aussi bien que le fils a?n?, pr?tendaient ? la couronne et l'opinion publique ?tait toujours l? pour soutenir les droits de la famille. Ainsi les princes de la branche cadette de Rostov-Souzdal, survivant ? leurs fr?res a?n?s, devenaient eux-m?mes les a?n?s de la famille, r?clamaient le tr?ne de Kiev et la suzerainet? sur les descendants en ligne directe qui gouvernaient ? Kiev, ? Tchernihiv et ? Pere?aslav et qui, pour eux, n'?taient que des petits neveux sans pr?c?dence au tr?ne. Ces pr?tentions furent ?videmment soutenues par le clerg? et les bo?ards des contr?es plac?es sous leur domination, mais les milieux eccl?siastiques et litt?raires de Kiev eux-m?mes furent bien forc?s d'en reconna?tre le bien-fond?, puisqu'elles d?coulaient logiquement de cette conception de l'unit? des pays russes et du r?gne en commun de la famille de Vladimir qu'ils avaient toujours choy?e et soutenue.

Cependant, une fois leurs pr?tentions reconnues, ces princes du Nord ne voulurent pas se transporter ? Kiev, mais ils y envoy?rent leurs parents non nantis, ce que les princes ukrainiens ne pouvaient tol?rer. De l? des guerres et les souverains du nord firent tout leur possible pour d?truire d?finitivement le pouvoir et le prestige national de Kiev et du midi. En 1169 cette ville fut mise ? sac par les troupes du prince Andr? de Souzdal; tout ce qu'on put enlever fut transport? dans les pays du nord. Trente ans apr?s, son fr?re Vsevolod, ayant r?ussi par une politique habile ? diviser les princes ukrainiens, amena de nouveau la ruine de la malheureuse ville.

L'Ukraine Occidentale.

Cet afflux de population en Ukraine occidentale, permet ? cette derni?re de faire face ? ses voisins de l'ouest: les Polonais et les Hongrois. Cette contr?e occidentale servait d?j? depuis longtemps de brandon de discorde entre les princes russes et la Pologne. Probablement les migrations ethniques, le m?lange de la population de ces pays fronti?res avaient fourni de nombreux pr?textes ? ces luttes. Les trois courants colonisateurs, celui des Slaves orientaux , celui des Polonais et celui des Slovaques s'y rencontraient, aussi chacun des trois ?tats: Russie, Pologne et Boh?me, aux heures o? leur puissance expansive se manifestait, ont toujours voulu s'en rendre ma?tres. Les Tch?ques s'empar?rent de la contr?e de Cracovie, les Polonais de Peremychl et de Tcherven. La premi?re mention qu'on en trouve dans la chronique de Kiev, se rapporte ? une exp?dition faite par Vladimir dans ces contr?es et au cours de laquelle il reprit aux Polonais Peremychl, Tcherven et d'autres villes. Les fronti?res qu'il ?tablit alors devaient s'?tendre assez loin vers l'ouest, probablement jusqu'? Cracovie m?me, ainsi qu'en t?moigne le document de la curie pontificale ci-dessus mentionn?. Apr?s sa mort, profitant des discordes qui avaient ?clat? entre ses fils, le roi de Pologne Boleslav s'empara de nouveau des marches ukrainiennes. Mais la mort de ce dernier ayant donn? lieu en Pologne ? des dissensions encore plus graves, Iaroslav put non seulement reprendre les territoires en question, mais il assuma la tutelle du prince polonais, ? qui il donna sa fille. Les si?cles post?rieurs virent tant?t les Russes, tant?t les Polonais y prendre la haute main.

Iaroslav avait donn? la Galicie ? un de ses premiers fils, qui d'ailleurs mourut bient?t. Les fr?res de ce dernier tent?rent de s'approprier ce domaine et de le r?unir ? la Volhynie. Ce ne furent que les petits-fils de ce premier prince de Galicie qui parvinrent ? reprendre ce pays et, instruits par l'exp?rience, ils prirent bien soin de ne laisser aucun prince de la dynastie Ki?vienne se consolider en Volhynie.

Dans le m?me temps, les pays de Kiev ?taient ruin?s par les guerres incessantes que se faisaient les pr?tendants, les pays de Tchernihiv s'?miettaient en une foule de petites principaut?s, et les pays de Pere?aslav s'?puisaient sous les d?vastations des Kiptchaks. Aussi les contr?es tranquilles de la Galicie offraient-elles un refuge tout indiqu? aux autres ukrainiens ayant besoin de s?ret? ou de protection ou tout simplement en qu?te de gain: eccl?siastiques, hommes de lettres, artistes et artisans, marchands, tous y afflu?rent, y apportant les lettres et les arts, ou vinrent y mettre leur fortune en s?ret?, pour le plus grand bien du pays, qui s'enrichit ainsi sous les princes de Galicie et de Volhynie, patrons ?clair?s des lettres et des arts, qui ne manquaient aucune occasion de s'approprier les monuments de l'ancienne litt?rature et de l'art des provinces orientales. Surtout Vladimir, fils de Vassilko, acquit le renom <> d'apr?s l'expression du chroniqueur ?crivant ? sa cour. Malade et infirme, il s'appliqua avec passion ? collectionner des livres, il les recopia, il fit construire des ?glises, les dota, les orna d'oeuvres d'art et y entassa les livres.

Les traditions litt?raires et artistiques de Kiev s'implant?rent dans le royaume de Galicie et de Volhynie, o? elles se continu?rent, s'y combin?rent de plus en plus avec les courants intellectuels venus de l'Occident. Ce qui caract?risera au cours de l'histoire la vie intellectuelle de ce royaume, c'est qu'ici les relations avec l'Allemagne, et par son interm?diaire, avec l'Italie, seront beaucoup plus actives; l'influence de l'occident catholique, qu'elle lui vienne par la Pologne ou par la Hongrie, se fera beaucoup plus sentir que dans l'Ukraine orientale, plus ?loign?e et plus profond?ment p?n?tr?e des traditions byzantines et orientales. Ici l'intelligence ukrainienne s'enrichira au contact de l'occident. Malheureusement l'invasion mongole va se d?verser sur l'Ukraine, emp?chera cette civilisation nouvelle de se r?pandre vers l'est et retardera ainsi la formation de l'unit? ukrainienne.

L'invasion mongole et ses cons?quences.

Le flot mongol pouss? par Temoudjine atteignit l'Ukraine vers 1235. C'?tait une invasion de nomades analogue aux pr?c?dentes qui, ? maintes reprises, avaient d?sol? le pays. Mais celle-ci ?tait mieux organis?e et ses p?rip?ties nous sont mieux connues. Cela commen?a par une irruption, qui se termina par la d?faite des Kiptchaks, en 1223, pr?s de la rivi?re de Kalka, apr?s une sanglante bataille, o? p?rirent beaucoup de princes ukrainiens qui avaient consenti ? soutenir leurs voisins contre les nouvelles hordes. Dix ans plus tard, se produisit la v?ritable invasion des Asiates. Leur chef, Batou, avait la ferme intention de s'emparer des steppes de la Mer Noire et des contr?es avoisinantes. Le mouvement commen?a dans le bassin de la Volga, puis les pays situ?s sur la rive gauche du Dni?per furent ravag?s, P?re?aslav et Tchernihiv conquis et pill?s. En 1240, la marche en avant se continua sur Kiev, puis ? travers la Volhynie et la Galicie, l'invasion atteignit la Hongrie, la Sil?sie et la Moravie. Batou avait d'abord voulu se fixer en Hongrie, mais il retourna sur ses pas et vint ?tablir sa r?sidence sur le cours inf?rieur de la Volga. Alors commen?a pour l'Europe orientale cette triste p?riode de suj?tion aux hordes mongoles que les Ukrainiens et les Russes ont appel?e la domination tartare.

Naturellement les principaut?s du bassin de la Volga et celles de l'Ukraine orientale eurent ? subir les premi?res le joug des Tartares: les populations durent payer tribut et les princes furent oblig?s de se rendre ? la r?sidence du Khan, pour faire hommage de leurs terres entre ses mains et en recevoir confirmation. Il naquit de l? bien des intrigues et maintes comp?titions, de sorte que les princes int?ress?s se virent souvent oblig?s de s?journer ? la cour du Khan pour ?carter tous comp?titeurs possibles. C'est ainsi que Danilo dut s'y rendre lui aussi, parce qu'un prince quelconque avait r?ussi ? se faire octroyer la suzerainet? sur la principaut? de Galicie. Il n'accepta pas cependant de bon gr? la domination mongole, non parce que son ambition f?t l?s?e comme nous l'a repr?sent? le chroniqueur, car sa situation de vassal du Khan raffermissait sa position vis-?-vis de ses voisins de l'occident, mais parce que la conqu?te mongole fit surgir des forces dangereuses pour l'autorit? des princes.

Sous l'impression de la d?faite, les populations ukrainiennes, convaincues de l'incapacit? de leurs souverains et de l'insuffisance de leurs troupes, se soumirent en grand nombre ? la suzerainet? imm?diate des Mongols, et cela probablement depuis la premi?re exp?dition de Batou . Les communaut?s s'engageaient ? rester fid?les et ? payer un certain tribut en c?r?ales. En revanche elles obtenaient de pouvoir se gouverner librement sous la conduite de leurs anciens et retournaient ainsi au morcellement politique, qui avait pr?c?d? le r?gime des princes. Ce mouvement, qui affaiblissait la force de r?sistance du pays et assurait aux envahisseurs une domination paisible, ?tait trop favorable ? ces derniers pour qu'ils ne s'appliquassent ? le favoriser et ? le fomenter. Quelques renseignements accidentels et m?me certains ?pisodes, qui nous ont ?t? conserv?s, nous montrent que cette suzerainet? directe des Tartares existait dans les contr?es voisines de Kiev et de la Volhynie, sur les bords de la Sloutche, de la Horine, du Bog et du Teterev. Les conqu?rants essay?rent non sans succ?s d'introduire ce nouveau r?gime en Galicie et en Volhynie. Ce fut un avertissement ?vident pour Danilo et Vassilko, qui trouv?rent une raison de plus d'abattre la puissance des Tartares dans la n?cessit? de mettre un terme ? ce mouvement dangereux pour leur propre autorit? et qui ressemblait beaucoup ? celui qui se manifestera plus tard dans les communaut?s ukrainiennes, lorsque se formeront les organisations cosaques.

Ayant ?t? mis au courant par des messagers, envoy?s chez les Tartares par le Saint Si?ge, des intentions de la papaut? d'organiser contre ces derniers une croisade des puissances catholiques occidentales, Danilo entra en relation avec le pape, sans que ce rapprochement about?t ? aucun r?sultat appr?ciable. Certes on lui offrit la couronne et on l'engagea vivement ? rentrer dans le sein de l'?glise catholique. Mais il ?tait trop prudent politique pour cela. N?anmoins, sur les instances de sa famille, il consentit ? se faire couronner. Cette c?r?monie eut lieu ? Dorohitchine, sur la fronti?re septentrionale du pays, en 1253, et tout se passa sans pompe, peut-?tre intentionnellement, de peur d'?veiller les soup?ons des Tartares. Du reste, apr?s s'?tre convaincu qu'il ne pouvait attendre de ce c?t? aucun secours r?el et que, d'autre part, les pourparlers relatifs ? l'union des ?glises soulevaient du m?contentement dans la population, Danilo rompit avec la papaut?.

Entre temps ses relations avec les Tartares s'?taient tendues de telle sorte que, quoiqu'il e?t perdu tout espoir d'?tre secouru par les princes catholiques, il n'en dut pas moins se r?soudre ? engager la lutte contre ses oppresseurs et attaquer les communaut?s qui reconnaissaient leur suzerainet?. Il s'attira ainsi la col?re des Tartares, qui, ayant organis? contre lui une grosse exp?dition, le surprirent et le forc?rent ? capituler. On l'obligea ? raser ses principales forteresses; seule la ville de Kholm, r?sidence pr?f?r?e de Danilo, qu'il avait orn?e de beaux monuments et pourvue de solides fortifications, put rester intacte au milieu des ruines qui affligeaient le pays.

Le prince fut vivement frapp? de ce malheur; il ne sut pas se r?signer et ne put jamais se faire ? l'id?e de s'assujettir au vainqueur. Aussi, tout ? l'oppos? des princes moscovites, qui tournaient leur asservissement ? profit, consolidant leur autorit? sous la couleur du joug tartare, soumettant les principaut?s voisines et ?tendant leur puissance, nous voyons Danilo et Vassilko s'?vertuant ? ?tendre et ? raffermir leur pouvoir vers l'ouest, vers les pays lithuaniens et polonais pour pouvoir plus efficacement s'opposer aux Asiates. Leurs efforts ?chou?rent et ne firent qu'attiser le ressentiment des envahisseurs.

Danilo mourut bient?t apr?s son d?sastre . Ses successeurs: son fr?re Vassilko, son fils L?on et son petit-fils Georges continu?rent sa politique. A partir de l'invasion tartare, l'?tat de Galicie et de Volhynie dura encore plus d'un si?cle, s'?levant par intermittence ? une puissance consid?rable. En lui se perp?tuait la vie intellectuelle et politique de l'Ukraine. Mais par suite de l'hostilit? des Tartares, qui ne permirent jamais ? cet ?tat de s'?tendre vers l'est, les anciens plans de Roman et de Danilo tendant ? unifier et ? r?unir sous le m?me sceptre tous les pays ukrainiens ne purent jamais ?tre r?alis?s, tout aussi bien dans la partie occidentale du pays qu'? l'orient.

Par suite de la disparition de l'importance sociale et de l'influence des bo?ards dans le bassin du Dni?per, il se produisit un ?v?nement d'importance capitale pour l'?volution historique post?rieure: le transfert du m?tropolite de Kiev dans les pays du nord. Le clerg?, nous le savons d?j?, ?tait habitu? ? vivre sous la protection du prince et de l'aristocratie. Or les pays du bassin du Dni?per avaient perdu leurs princes et leur aristocratie, sans qu'ils eussent ?t? compl?tement d?peupl?s, comme on l'a quelquefois ?crit. Au nord, au contraire, dans le bassin de la Volga, les princes et les bo?ards consolident leur autorit? sur les classes inf?rieures sous le couvert du joug tartare. L? le clerg? se sentira plus rassur?. Les m?tropolites de Kiev commencent ? se rendre de plus en plus fr?quemment dans les cours du nord, ils y s?journent de plus en plus longtemps, enfin, apr?s une incursion des mongols en 1299, le m?tropolite s'y transporta une derni?re fois pour ne plus en revenir. Les princes de Galicie r?ussirent ? obtenir du patriarche de Constantinople un m?tropolite particulier. On se prit ? donner au ressort du nouveau dignitaire le nom d'?glise m?tropolitaine de la <>, pour la distinguer de celle de Kiev, transf?r?e ? Vladimir du nord , ? laquelle on avait donn? le nom d'?glise m?tropolitaine de la <>. Les princes de Galicie, qui portaient le titre de <> , furent appel?s couramment, ? l'instar de leur m?tropolite, princes de la <>. C'est ainsi que prit naissance cette appellation, qui a paru symboliser au cours des si?cles l'h?g?monie de la Russie du nord sur la Russie du sud, sur l'Ukraine.

Le fait que l'Ukraine orientale, au lieu de rester dans le ressort eccl?siastique soit de Halitche, soit de Vladimir de Volhynie, devint suffragante du m?tropolite du nord, scella le caract?re local et point du tout pan-ukrainien du royaume de Galicie et de Volhynie. Ainsi fut retard? une fois de plus le processus de cristallisation des trois grandes nations, que devaient former les Slaves orientaux.

Les princes de Lithuanie et ceux de Pologne se rendent ma?tres des principaut?s ukrainiennes.

Comment s'accomplit cette mainmise? Probablement sans grands conflits: nous n'en connaissons que tr?s peu les d?tails. Les princes lithuaniens, apr?s qu'ils se furent saisis du pouvoir, s'appliqu?rent ? s'adapter le plus rapidement possible aux coutumes de la vie locale, ? ses lois, ? sa civilisation; ils en adopt?rent la langue et l'?criture, se convertirent ? la religion orthodoxe et devinrent, en un mot, des princes blanc-russiens ou ukrainiens de race lithuanienne, s'effor?ant sinc?rement de continuer les vieilles traditions des pays occup?s. Ils le faisaient d'autant plus naturellement qu'ils ne poss?daient pas eux-m?mes de lois propres, comme nous l'avons dit plus haut.

D?j?, dans le premier quart du si?cle, nous trouvons soumises ? leur domination la contr?e de Brest-Dorohotchine, la principaut? de Tourov-Pinsk et une partie de la zone bois?e des pays de Kiev. Kiev lui-m?me est en 1320 sous l'influence de Ghedimine, quoique le prince local, Th?odore, dont l'autorit?, comme tout porte ? le croire, est tr?s affaiblie, reconnaisse encore la suzerainet? des Tartares. Il n'est pas surprenant, qu'en de pareilles circonstances, les bo?ards galiciens, apr?s avoir fait dispara?tre leur prince ? la suite d'un complot, plac?rent sur le tr?ne, en 1340, le fils de Ghedimine, Lubarte, qui, mari? ? une princesse de leur dynastie, poss?dait d?j? une des principaut?s de Volhynie.

Les choses s'arrang?rent ainsi; Lubarte continua de r?gner sur le pays, qui ?tait sorti si heureusement de la crise. Mais Casimir n'oubliait pas ses projets. Il se fit d?lier d'avance par le pape du serment pr?t? ? Dedko, s'assura de la neutralit? des Tartares, et, profitant de ce que les princes lithuaniens ?taient engag?s ? combattre les Allemands et ne pouvaient secourir Lubarte, il s'empara inopin?ment, en 1349, de la Galicie et de la Volhynie occidentale.

La lutte pour s'emparer de la Galicie et de la Volhynie.--L'union de 1385.

Entre 1350 et 1360, Olguerd, fils de Ghedemine, grand-duc de Lithuanie, apr?s ?tre intervenu dans les affaires de l'?tat de Smolensk, s'empara d'abord de la principaut? de Briansk, dans le nord de l'ancienne principaut? de Tchernihiv et se rendit ma?tre ensuite des principaut?s m?ridionales. A Tchernihiv, ? Novhorod-Siversky et ? Starodoub, des princes lithuaniens mont?rent sur le tr?ne; dans les domaines de moindre importance les princes de l'ancienne dynastie continu?rent ? r?gner sous leur protection. A peu pr?s ? cette ?poque, vers 1360, Olguerd pla?a sur le tr?ne de Kiev un de ses fils, apr?s avoir d?tr?n? le prince local, qui ?tait vassal des Tartares. Ainsi les vastes territoires sur les deux rives du Dni?per, qui avaient autrefois fait partie de l'ancienne principaut? de Kiev et de P?r??aslav, bien ruin?s et bien d?peupl?s, il est vrai, sous la domination tartare, d'ailleurs en d?cadence, pass?rent-elles aux mains des lithuaniens. L'arm?e tartare s'avan?a bien au secours de Kiev, mais, impuissante et d?sorganis?e, elle fut mise en d?route par Olguerd qui, non content de mettre la main sur les parties m?ridionales du pays de Kiev, s'empara encore de la Podolie, o? les populations vivaient depuis longtemps sous la suzerainet? directe du Khan. Les neveux d'Olguerd s'y install?rent dans les villes et se mirent ? y ?difier des forteresses autour desquelles se ramass?rent les populations dispers?es par l'anarchie des hordes.

Casimir, et aussi son successeur sur le tr?ne de Pologne, Louis d'Anjou, disposaient des forces r?unies de ces deux ?tats; ils jouissaient de l'appui du pape, ? qui l'on avait promis d'?tablir des ?v?ch?s catholiques dans les pays ukrainiens conquis, enfin, en combinant leurs op?rations avec celles des Allemands de Prusse et de Livonie, avec lesquels ils avaient conclu une entente formelle, ils voulurent tenter d'enlever ? Lubarte m?me la Volhynie. Ils y r?ussirent ? plusieurs reprises: Kholm, Belz et m?me Vladimir chang?rent plusieurs fois de mains. Bient?t il ne resta plus ? Lubarte que la r?gion m?ridionale de la Volhynie .

Cependant des difficult?s dynastiques vinrent troubler l'union hungro-polonaise, qui s'?tait accomplie, sous Casimir, en vertu du trait? ci-dessus mentionn?.

Louis, pas plus que Casimir, n'avait d'h?ritier m?le, ce qui rendait bien pr?caire l'union personnelle des deux ?tats. Sans se rendre bien compte de la port?e de son action, il voulut r?unir la Galicie ? la Hongrie et y installa des garnisons hongroises. Les magnats polonais, qui gouvernaient la Pologne en son nom, s'en offusqu?rent. Ils ?lurent comme reine de Pologne une des filles de Louis et non point celle qui avait ?t? d?sign?e pour lui succ?der en Hongrie, puis ils d?cid?rent de s'allier ? la Lithuanie, o? r?gnait le jeune fils d'Olguerd, Iaga?l . Ils lui offrirent la main de leur reine et la couronne, ? condition qu'il consent?t ? incorporer ? la dite couronne tous les pays lithuaniens et ukrainiens sur lesquels il r?gnait. Iaga?l acc?da ? ces conditions et un trait? fut conclu, en 1385, ? Krevo, ville de Lithuanie, entre lui et la d?l?gation polonaise, par lequel il s'engageait ? quitter la religion orthodoxe et se faire catholique, ? faire baptiser la partie de la population lithuaniene, qui ne l'?tait point encore et, ce qui est plus important, ? <>.

Ce trait? mettait fin tout d'un coup ? la comp?tition entre la Lithuanie et la <> pour s'approprier les pays ukrainiens et, en m?me temps, il allait permettre ? l'influence polonaise, politique et intellectuelle, de se faire sentir sans restriction sur tous ces territoires, ?largissant de beaucoup la sph?re d'influence cr??e par l'occupation de Casimir. C'?tait le point de d?part d'une orientation nouvelle de la vie sociale, morale et politique ukrainienne, qui devait d?terminer son ?volution pour toute une s?rie de si?cles. Il est m?me permis d'affirmer que la <> dans la vie et l'histoire d'une partie consid?rable de l'Ukraine, n'est pas encore achev?e aujourd'hui.

La premi?re cons?quence du trait? fut la r?occupation de la Galicie par la Pologne: les magnats, ? l'aide des troupes lithuaniennes, chass?rent les garnisons hongroises et r?tablirent partout l'administration polonaise. La Hongrie essaya bien de protester, mais elle se trouvait justement dans une situation politique difficile, qui ne lui permettait pas d'entamer une lutte ? main arm?e pour le moment. Ses <> sur la Galicie devaient rester inop?rants pendant quatre si?cles, lorsqu'ils servirent de pr?texte juridique, d'une fa?on bien inattendue du reste, lors du partage de la Pologne, pour faire incorporer cette contr?e--? l'Autriche.

Quant aux autres pays ukrainiens, plac?s sous la suzerainet? ou le protectorat lithuaniens, la nouvelle union faillit n'y pas r?ussir d?s le d?but. Les droits reconnus par Iaga?l aux Polonais furent interpr?t?s par eux dans ce sens que dor?navant le grand-duch? de Lithuanie n'existait plus et que par cons?quent, tous les ?tats vassaux, qui en d?pendaient, devaient ?tre plac?s sous le gouvernement imm?diat de la Pologne. Ces pr?tentions provoqu?rent dans le grand-duch? une vive alarme et une temp?te de protestations. Vitovte, cousin de Iaga?l et son ancien rival, profitant du m?contentement g?n?ral, se proclama grand-duc et s'appr?ta ? engager contre lui une lutte d?cisive.

Mais en ce moment m?me les Tartares lui infligeaient sur la Vorskla une terrible d?faite, qui l'obligea d'accepter un compromis avec Iaga?l et les Polonais. Le principe de l'union se trouva sauv?, mais il re?ut d'importantes restrictions pratiques, en ce qui concerne la Lithuanie, par les trait?s subs?quents . Cet ?tat demeura ind?pendant de fait, sous le gouvernement de son grand-duc, qui, tout en reconnaissant sa vassalit? envers le roi de Pologne, n'en conservait pas moins sa pleine souverainet?, de sorte que les pays de l'Ukraine orientale ne se trouv?rent pas soumis directement ? la Pologne.

Cons?quences de l'Union.

La question de l'union et la r?alisation probable du projet polonais d'incorporer vraiment les pays <> ? <> ne laiss?rent pas d'atteindre s?rieusement les int?r?ts des populations indig?nes, qui habitaient ces contr?es. Le sort de la Galicie et de la Volhynie sous la domination polonaise faisait pr?voir les changements qu'auraient ? subir les autres pays au cas o? ils tomberaient sous le m?me joug.

Sous le sceptre des princes lithuaniens la vie nationale se continuait dans les formes l?gu?es par le royaume de Kiev. Les nouveaux ma?tres suivaient en g?n?ral la ligne de conduite adopt?e par les grands ducs envers leurs sujets slaves: <>. Il va sans dire que le nouveau syst?me politique, surtout les besoins de la d?fense, n?cessitaient dans la pratique des changements consid?rables dans le domaine juridique et social . Mais l? o? les raisons d'?tat n'imposaient point de changement, les autorit?s centrales et locales s'effor?aient de conserver les anciennes formes et de les d?velopper en les adaptant aux nouvelles conditions.

Cela est surtout apparent dans les moeurs et la vie intellectuelle et religieuse. L'ancienne langue, form?e par l'usage de Kiev, plus ou moins teint?e de provincialisme, sert toujours d'instrument ? la vie pratique et administrative. Elle est m?me pass?e dans la pratique administrative des pays purement lithuaniens, ? d?faut d'une langue litt?raire indig?ne. La religion orthodoxe continue ? jouir de la faveur des autorit?s comme religion d'?tat. Les nouveaux princes et les seigneurs lithuaniens, qui s'installent dans les pays blanc-russiens et ukrainiens, adoptent les moeurs locales dans leur vie priv?e, ils comblent de bienfaits les cath?drales et les monast?res c?l?bres, ils en fondent de nouveaux, ils prot?gent les arts et les lettres dans leurs formes traditionnelles.

De m?me dans la l?gislation se conservaient les anciens principes du droit ki?vien, du <>. On peut le voir dans les privil?ges territoriaux accord?s post?rieurement aux ukrainiens et blanc-russiens ou dans le statut Lithuanien de l'an 1529. On y remarque que les anciennes coutumes de Kiev sont pass?es dans la pratique judiciaire et administrative dans ces contr?es fort ?loign?es de la vieille capitale. Cela s'explique, entre autre, par la coutume g?n?ralement suivie de ne nommer aux fonctions administratives que des personnages ou bo?ards indig?nes, qui conservaient pieusement les usages de l'ancien droit. Dans quelques contr?es la coutume s'?tait m?me ?tablie, que les familles seigneuriales du pays avaient ? remplir ? tour de r?le, pendant une ou deux ann?es, les fonctions administratives les plus importantes.

Cet ?tat de choses fut s?rieusement ?branl? ? l'av?nement de Vitovte. Apr?s avoir obtenu de Iaga?l la reconnaissance de ses droits sur le grand-duch?, ce prince ?vin?a les diverses dynasties locales et pla?a leurs domaines sous l'administration directe du pouvoir central. Les gouverneurs qui remplac?rent les princes d?j? assimil?s par l'?l?ment local, ne se crurent pas oblig?s, apr?s l'union de 1385, de prot?ger ni l'?glise orthodoxe, ni les vieilles traditions ki?viennes. Cependant il ne parut pas admissible de changer les anciennes coutumes du pays; c'est la raison des diverses chartes et privil?ges, qui furent octroy?s pour en pr?venir la violation. Les plus anciens d'entre eux datent de l'abolition du pouvoir princier. Le pays retenait une certaine autonomie et des fonctionnaires indig?nes. De cette fa?on les modifications dans la juridiction, l'administration et les coutumes ne s'introduisirent que graduellement, surtout au premier si?cle, dans les ?tats d?pendant du grand-duch? de Lithuanie.

Il en ?tait autrement dans les contr?es soumises ? la couronne de Pologne. D?s sa premi?re occupation, Casimir avait pris ? t?che d'affaiblir le plus possible l'autorit? des seigneurs et ses successeurs continu?rent cette politique. On confisqua les terres des bo?ards, qui s'?taient oppos?s ? l'occupation et on les distribua, ainsi que toutes celles qui se trouvaient ? la disposition du roi, ? des polonais ou ? des ?trangers, sur la fid?lit? desquels le gouvernement pouvait compter. Des colonies privil?gi?es furent ?tablies dans les villes. Les hautes fonctions administratives furent donn?es ? des ?trangers. Partout la langue latine et le feudalisme germano-polonais s'introduisirent avant m?me d'?tre formellement sanctionn?s par la loi. Enfin on laissa vacantes les hautes charges eccl?siastiques, dans l'intention d'y installer plus tard le clerg? catholique et de remplacer ainsi la religion orthodoxe par l'?glise de Rome.

L'assimilation des provinces ukrainiennes aux contr?es polonaises fut formellement consacr?e, apr?s la mort d'Iaga?l, par un rescrit de 1434. Mais il fallut un si?cle pour compl?ter l'abaissement des classes sup?rieures ukrainiennes, supprimer leur civilisation et la hi?rarchie eccl?siastique. La vie nationale se conserva dans les classes inf?rieures surtout parmi les artisans des villes, le bas clerg? et la petite noblesse. C'?tait ?videmment un coup funeste, car, depuis deux si?cles, la Galicie et la Volhynie avaient ?t? le foyer principal de la civilisation ukrainienne.

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