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Read Ebook: La roue by Faure Lie

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Ebook has 551 lines and 42665 words, and 12 pages

Le soldat, un moment, s'arr?ta sur la route, croisa les bras, pencha le front.

--Si c'est la souffrance qui cr?e, il est inutile d'accepter celle de la guerre, apr?s celle de l'amour, puisque la mort qu'on trouve ? la guerre supprime la souffrance et que l'amour, dites-vous, est plus terrible que la guerre, et moins mortel.

--Dans l'amour, dit le pharmacien, c'est l'individu qui souffre. Dans la guerre, le corps social. Et, l? sans doute, est sa vertu. Quand vient la guerre, le drame de l'amour d?passe l'individu pour bouleverser tous les hommes et arracher ? leur automatisme deux ou trois g?n?rations. Par la s?paration, la peur, le risque, le chaos, la responsabilit? et la mort, la guerre disperse ? l'infini le drame, accro?t la passion et l'esprit. Et l'amour surtout se d?cha?ne, hurle, br?le, d?vaste, jette au drame sexuel les ?tres hier les plus forts. Les coeurs, les sens sont plus ravag?s que la terre, retourn?s jusqu'au granit. Les for?ts sont broy?es, les sources d?plac?es et le coeur des volcans ouvert. L'homme et la femme ?perdus tournent sur l'ab?me. La trag?die s?me partout les r?alit?s ?ternelles.

Deux minutes, il se tut. Ses yeux s'agrandissaient sous les paupi?res lourdes et fixaient un point invisible qui paraissait noy? au centre de la flamme qu'elles r?v?laient en s'?levant.

--Songez, dit-il, ? la cellule myst?rieuse qui enferme en quelques milli?mes de millim?tres l'incommensurable amas de toutes les images et de toutes les forces du pr?sent et du pass?. Songez ? l'exaltation amoureuse de la seconde o? elle est lanc?e dans l'avenir par ces enfants tragiques qui sont ? l'?ge des plus puissantes illusions et dont l'un sort du combat pour y revenir et y tomber et dont l'autre ne sait si cette premi?re ?treinte ne sera pas la derni?re aussi. Comparez ?a ? la fornication maussade du rond de cuir et de sa bourgeoise infid?le entre le lait de poule et le bonnet de nuit. Vous saurez o? se tient le dieu qui nourrit du sang de la guerre son monstrueux devenir. L'esprit sort de l'action, d'autant plus fort qu'elle est plus forte. Pour que naisse un enfant sublime, il faut que, dans la m?me ivresse, l'homme risque sa peau, la femme son bonheur.

--Le fils de l'assassin et de l'alcoolique est le grand homme d?sign?, dit le soldat.

--L'assassin et l'alcoolique sont des malades, et le guerrier n'en est pas un. L'illusion d?sint?ress?e s?pare la guerre du crime, et tout est l?.

--L'illusion guerri?re est morte.

--C'est une ressemblance de plus avec l'amour, qui commence dans l'enthousiasme et finit dans la lassitude. L'exaltation de l'amour au cours des grands drames sociaux n'est sans doute que le reflux de l'exaltation guerri?re. En tous cas, ? ces heures-l?, la puissance amoureuse r?gne. Et voyez-vous, l'esprit est forme. Il est concret. Il se transmet comme le sang, comme la structure du squelette, comme la couleur des yeux. Il pr?cipite ses mirages dans le plus lointain avenir. Je vois cent mille fois plus d'?nergie cr?atrice dans l'?treinte de deux enfants se sachant guett?s par la mort que dans tous les discours prononc?s depuis le commencement de la terre pour organiser la paix. Il n'y a que l'amour, l'amour seul. Et tout ce qui l'exalte multiplie l'homme int?rieur et mod?le son avenir pour des g?n?rations enti?res... L'amour seul. Sous toutes ses formes. Du plus ?lev? au plus bas, au viol, ? l'inceste, ? tout ce que vous voudrez. L'instinct pur, rendu ? lui-m?me...

--La guerre purifie, dit le soldat, et il rit, d'un rire ?trangl?.

--Elle purifie le soldat, dit le pharmacien, et vous en ?tes la preuve. Pour les autres... La vie, mon cher monsieur, est une orgie sexuelle continue, que la guerre brasse et r?v?le dans ses grandes profondeurs. Ce n'est pas, il est vrai, la moralit? du monde qu'accro?t le drame. C'est sa subtilit?, sa sensibilit?, son ?nergie, sa puissance de cr?ation. Tous les hommes sont Prom?th?e, le jour o? Dieu s?me la guerre. Ils s'y br?lent le poing, mais ils y saisissent le feu.

--Celui qui saisit le feu ne tue pas, dit le soldat, si ce n'est lui le plus souvent. Il l'installe sur la hauteur.

--Et les bateaux, qu'il fascine, se brisent sur les r?cifs. L'esprit cr?e la guerre, qui cr?e l'esprit.

--L'esprit monte. Il vaincra. Il se vaincra. Il exterminera la guerre. Par le r?seau nerveux qu'il ?tend sur le globe, il sentira qu'il est partout, et que tuer une part de lui-m?me, c'est tuer l'autre.

--Ou l'exalter.

--La f?rocit? primitive reculera devant l'esprit. Quand tous les hommes seront moi, qui hais la guerre, ou vous-m?me qui l'acceptez mais qui avez horreur du sang, tous refuseront de tuer, tous.

--L'inconscient reprendra, je vous le dis en v?rit?. Notre esprit accomplit au-dedans de lui-m?me mille fois plus de silencieux massacres que le primitif qui tue avec sa hache de silex. Le plus cruel des ?tres, c'est l'esprit. Mais il se le cache ? lui-m?me, surtout quand il forge ou aiguise de nouvelles armes ? la mort. C'est un monstre, je vous le dis. Les grands anthropo?des ne se battent pas entre eux. Les premiers hommes vivaient de fruits, peut-?tre. Le fauve ?tait l'ennemi principal, ou le froid. Quand l'homme tuait l'homme, il ?tait innocent. Sa f?rocit? est venue avec son sadisme, c'est-?-dire avec la civilisation, et ce n'est pas seulement dans la guerre qu'elle s'est manifest?e. Elle est entr?e dans l'art, dans les moeurs, dans l'industrie, dans la science m?me, qui constate et progresse avec cruaut?. L'esprit de l'homme noble, alors, s'est tendu tout entier ? ?carter la f?rocit? de la guerre, ? en supprimer la haine, ? l'organiser en jeu. Remarquez qu'? mesure que la guerre devient plus terrible, l'homme tue moins directement. Plut?t que d'y renoncer, il la transforme. Il installe peu ? peu l'anonymat dans la tuerie, comme s'il voulait arracher l'esprit, non au spectacle de la mort, mais au spectacle de la haine. Les formes musculaires et directes de la guerre agonisent aujourd'hui. L'esprit monte, ? coup s?r. Et c'est pourquoi l'autorit? passe des muscles dans l'esprit...

--L'autorit? tuera la guerre.

--A moins qu'elle ne la provoque pour maintenir l'autorit?.

--L'autorit? descendra toute vers ceux qui sont en bas, quand ceux qui sont en bas sauront s'entendre pour vaincre ceux qui sont en haut.

--Et la guerre civile na?tra, pour une harmonie quand m?me victorieuse qui se d?roulera impassible entre ses flancs, du charnier des guerres nationales. Et ainsi de suite. Il y aura toujours entre les hommes des diff?rences de niveau. Et vous savez ce qui se passe dans les vases communiquants? L'eau du plus haut se pr?cipite en avalanche. Voyez-vous, la vie continue, et, pour continuer, elle tue...

--La vie s'?duque, dit le soldat. Elle se r?gle, se stylise, et c'est m?me cela qui est la civilisation. Je vous l'ai dit. J'admets et m?me j'admire que la guerre ait pu ?tre, en d'autres temps, un moyen d'orchestrer la vie. Automatiquement, ce moyen-l? doit dispara?tre ou rentrer au-dedans de l'homme o? le drame jouera dans les limites de l'esprit. Que la f?rocit? premi?re persiste, je le veux, si vous le voulez. Mais elle changera de forme. L'homme, de plus en plus, r?pugne ? verser le sang. Quand j'ai tu?, je ne l'ai pas senti, c'est vrai. Mais je l'ai vu. Et ?a suffit. Je n'oublierai pas que j'ai tu?. Quand tous les hommes auront tu?, aucun homme ne l'oubliera. Oui, le massacre int?rieur de l'amour, le massacre int?rieur de la vie sont plus terribles mille fois que le massacre de la guerre. Mais ils ne versent pas le sang. Tout est l?. Tu ne tueras point. Car cet ?tre est fait comme toi, et ni pour toi, ni pour lui, tu ne crois ? une autre vie. Quand l'homme ne croira plus, il refusera de tuer. Enseignez-lui la v?rit?.

Le soldat se dressa:

--Des mots, monsieur! Je ne veux plus me battre sans passion.

--Et le prolongement de la passion, qu'en faites-vous? On se bat aujourd'hui sans passion parce qu'il y a un si?cle, on s'est battu avec passion. On se battra avec passion dans deux si?cles parce qu'aujourd'hui on se bat sans passion. Il n'est pas passionnant de prendre un lavement, mais on le prend parce que l'avant-veille on a trop passionn?ment mang?.

--Encore des mots! Je me moque d'hier. Je me moque de demain. J'en ai assez d'?tre un esclave.

--Un mot aussi.

--Non, une chose.

--Soyez donc Napol?on, r?pondit le pharmacien.

--Pour ?gorger Napol?on et rendre impossible la guerre, je mourrais volontiers.

--Vous feriez donc la guerre pour cela. Et vous seriez l'esclave d'une foi que je suis libre de ne pas partager, bien qu'?tant aussi un esclave. L'homme n'a pas le choix entre la libert? et l'esclavage, mais quoi qu'il arrive et partout, entre deux formes d'esclavage. Si le socialisme tue la guerre, ce que je ne regarde pas comme absolument impossible, ce sera en se soumettant ? un esclavage spirituel que les religions du moyen-?ge ont seules connu jusqu'ici. Et encore!

--En attendant, on mangera. En attendant on ne tuera pas le passant parce qu'un autre passant vous aura mis, en vous le d?signant du doigt, une escopette entre les mains.

--Les animaux domestiques mangent leur saoul et ne tuent pas. Tout syst?me d'?ducation qui tend ? donner du pain, suppose le m?pris de ceux pour lesquels on l'imagine. M?me quand il invoque et pratique les principes les plus lib?raux, le p?dagogue est un chaouch. Toute d?mocratie qui gouverne par des id?es am?ne le r?gne de l'esclave, parce que l'id?e est aristocratie et que le plus grand nombre, dans ce domaine, est fait pour ob?ir. Tout droit nouveau ne se conquiert qu'? condition de croire ? certains enseignements d'ordre disciplinaire qui tiennent les foules dans la foi. D'autres viennent, qui ne croient pas, c'est la guerre avec ceux qui croient, parce que leurs boyaux sont pleins. M?me parfait, un organisme cr?e ? chaque seconde un grand flot de vie impr?vue qui tend d'elle-m?me, d?s qu'elle est m?re, ? vaincre et ? s'organiser. La r?volution et la guerre sont la condition du progr?s, dont le but dernier nous para?t ?tre la paix et la stabilit?. L'?quilibre du monde est fond? sur la foi. L'int?r?t et l'intelligence brisent l'?quilibre du monde, que le lyrisme r?tablit. De l'un ? l'autre, il y a la r?volution et la guerre, qui ont ?t? donn?es ? l'homme pour tuer l'illusion mourante et nourrir l'illusion naissante de son sang.

Le soldat regarda le ciel:

--Si tout n'est que sanglant passage d'une illusion qui meurt ? une autre qui mourra, vous interdisez ? l'homme jusqu'? l'espoir de l'illusion.

--D?trompez-vous, j'ai la seule ?ternelle. C'est l'illusion de ma puissance--o? je sens l'illusion de l'humanit? elle-m?me--? m'illusionner. C'est l'illusion artiste, l'ivresse de sentir, la souffrance de conna?tre, l'ivresse de sentir encore apr?s avoir souffert en connaissant. Je m'enivre du vertige de m'illusionner quand m?me, sachant que tout est illusion. Le plus grand po?te est Montaigne.

--J'avoue, dit le soldat, que je ne pensais gu?re ? lui, quand je tuais. Et d'ailleurs, je ne l'ai pas lu. Parfois, aux heures de repos, je lisais ceux qui ont chant? la guerre, afin d'arracher ? mon d?go?t l'illusion h?ro?que du sacrifice et du renoncement. Mais j'?tais jeune alors. Quand on est satur? de tranch?es, d'attaques, de bombes, de grenades, de mitrailleuses, de gaz toxiques, de p?trole enflamm?, de faim, de soif, de froid au ventre et aux pieds, d'ennui, on se fout des po?tes, monsieur le Pharmacien!

--Et eux, qui cr?ent la guerre, de vous... Le plus grand po?te est Montaigne. Les autres n'ont pas souri. Il est le seul qui ait souri. Le plus grand, vous dis-je. Il se meut dans l'espace intellectuel, partout encercl? par la mort, comme un musicien. Il orchestre les id?es. Les autres se r?voltent, objurguent, g?missent, menacent. Lui seul joue avec tous les aspects du monde, m?me avec celui de la mort. L'amusement qu'il a de vivre va jusqu'? s'amuser de mourir. Il danse sur le feu et l'eau.

Un moment, il se tut. Le soldat revoyait sa vie. Le jour du d?part pour sa premi?re guerre. Le jour o?, entre deux tueries, une femme, qu'il aimait, s'?tait livr?e ? lui dans un bref ?lan de d?sir. C'?taient les deux sommets lyriques du voyage ? travers le feu. Le carnage et la luxure y grondaient dans les flammes tristes o? son esprit s'alimentait. Il entendait, lointaine, ?gale, la voix de l'homme immoral:

--Le po?te est comme la guerre. Il est le plus utile ? l'homme, mais son utilit? n'appara?t pas. Quand les m?taphysiciens se trouvent accul?s aux derniers repaires de l'id?e, quand ils ont d?log? Dieu, tout ce que fait cet ?tre inconcevable, l'homme, qui doit mourir et qui le sait et qui agit pourtant comme s'il ne devait pas mourir ou s'attendait ? revivre, tout ce que fait l'homme est un jeu. L'art est un jeu, aussi la science, aussi la guerre. Et la vie, apr?s tout. Mais ont-ils vu qu'une seule chose est utile: le jeu? N'est-ce donc rien que d'accro?tre notre puissance par l'exercice de nos dons? N'est-ce pas tout? ?tes-vous jamais mont? ? bord d'un sous-marin, monsieur? Un jour, j'ai circul? dans cette for?t sans clairi?res de barres et de roues de fer, d'anneaux et de tubes de cuivre, de manettes, de fils, de c?bles, d'?crous, de claviers et de pistons. J'?tais avec un homme vertueux que ce spectacle d?solait.--Tout cela, disait-il, pour tuer! Tant d'invention, tant d'ing?niosit?, tant d'?nergie perdues!--Ce jour-l?, monsieur le soldat, ? cette minute, en entendant pleurer ce juste, j'ai compris. J'ai compris, et une ivresse singuli?re m'a saisi. L'homme est un po?te, d'abord. Et apr?s? Un po?te. Ce qu'il y a d'admirable en lui, c'est qu'il aime ? tel point le jeu, qu'il va, au lieu d'y renoncer, ? mesure que la vie se perfectionne et se complique, jusqu'? perfectionner et compliquer les moyens de perdre la vie. Mourir, plut?t que de ne pas jouer. On me dit que la guerre tuera la guerre parce qu'elle n'amuse plus. Je r?ponds qu'il y a des ressources: l'air, l'oc?an, et qu'on y songe. On me dit que, priv? de foi, l'homme ne voudra plus mourir. Je r?ponds, moi, qu'il n'atteindra toute sa taille que quand il mourra, incr?dule, pour s'amuser.

--Tu ne tueras point, dit le soldat.

La clameur de la rue entrait par les fen?tres. Onde apr?s onde, comme des spasmes de torture ou de volupt?. Des flots humains grondaient dehors, la fi?vre y roulait en tumulte, les transparents et les enseignes lumineuses flamboyaient. Le m?me soir offrait aux passions engourdies la certitude d'une guerre et le meurtre d'un h?ros.

La famille Chambrun se mettait ? table. Le p?re et la m?re se faisaient face. Comme depuis vingt-cinq ans. La pendule ?tait maintenant de marbre rouge et de bronze massif, mais elle avait le m?me son aux m?mes heures. L'argent pesait plus lourd que le ruolz d'antan sur la table, mais la m?me viande y fumait. Que le geste de l'homme f?t devenu plus p?remptoire et son visage plus cordial, que les paupi?res de la femme jouassent sur ses yeux comme des rideaux plus ?pais, ils ne lisaient pas l'un dans l'autre plus couramment. Rien n'?claire, que la passion de manifester sa nature. Rien, m?me le miracle d'avoir fait un ?tre vivant. En face d'une place vide, il y avait une jeune fille. Ses cheveux fauves ?taient tordus avec des rubans bleus. Anim?e de longs yeux vivants, de dents, de l?vres ardentes, une admirable gr?ce souple courait du corps entier en lignes ondoyantes vers l'?clatante joie du teint.

Pr?cis?ment, ?lisabeth parlait. Elle vivait tout haut, dressant son buste ? chaque affirmation nouvelle, br?lant d'un enthousiasme que son p?re ne semblait pas partager. Commissionnaire en marchandises, il craignait l'arr?t des affaires. Patriote avant tout, il savait bien qu'on dicterait la paix ? Berlin dans les trois mois, mais que d'argent ? d?penser! Et les imp?ts! Et la R?volution! Et la concurrence ?trang?re! Mme Chambrun parlait peu. Elle ne parlait jamais beaucoup. Trois cuirasses couvraient son coeur: le satin des robes montantes, la graisse de la cinquantaine, les principes d?finitifs. Avait-elle aim?? C'est possible. Avait-elle souffert? C'est possible. On n'en avait jamais rien su, Chambrun pas plus que les autres. Le confesseur ?tait discret.

?lisabeth parlait. Les gros bouquets ?pars insinuaient l'odeur des roses dans l'odeur de ses cheveux. Sur le fr?missement des vitres qu'?branlait le bruit de la rue, sa voix ?mouvante ?veillait des vibrations plus hautes. Les verres de la table et du lustre striaient de flammes son regard. Comment savoir o? commence notre empire sur les choses, l'empire des choses sur nous? Aux autres la table pesante, le service cossu, les chaises de ch?ne sculpt?, l'?pais tapis de couleur sombre, les rideaux de velours grenat dont pas un seul pli ne bouge, les toiles prim?es sur le mur. A elle le souffle des fleurs, les lumi?res dansantes, les tintements clairs du cristal, tout ce qui r?de de vivant dans les ombres et les murmures. Elle disait sa foi dans le destin de la France. Ne suffisait-il pas qu'une jeune fille qui ?tait belle et dont la voix avait le son, la fra?cheur, la limpidit? de l'eau pure e?t cette foi, pour que la France e?t ce destin?

--J'y perdrai de l'argent.

--Qu'importe, papa, nous vaincrons.

--Sans doute, sans doute, et vite. Mais d'ici l?, il faut maintenir le cr?dit... C'est un peu compliqu? pour ta petite t?te... Plus tard, tu comprendras...

--Qu'importe, papa, le droit est avec nous, le reste suivra.

--Mais ta dot?

--Je m'en moque.

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